Toujours avec un look et des gestuelles d’enfer top classe, façon “Paul Simonon (Clash) meets Brian Setzer” (chemises en léopard, poses rocky), les Hellboys mettent le feu au Gibus !
Ils ont la patate à fond mais n’oublient pas d’avoir de vraies bonnes chansons carrées, énergiques, puissantes. Qui donnent le grand frisson.
La formation est au complet :
Nikola Acin (chant lead, guitare, showman),
Adanowsky (basse), Ghani (batterie).
Le professeur Yarol Poupaud
(d'habitude au clavier) est à la guitare
tandis que Christophe Lagarde
(normalement à la six cordes) joue du clavier.
Ils démarrent franco par “Mutant Love” puis jouent “King Of The Mambo” de façon plus hargneuse et moins ska Specials & Mano Negra que la version studio. Ensuite, c'est “Charlie Sheen”, dans une version plus bordélique (plus live, en fait)
que la version studio.
En intro de “La bête humaine” (avec un texte en français, un tempo live prenant et des lumières bleutées rosées obsédantes),
Nikola interpelle le public en demandant :
« Vous étiez tous la semaine dernière au magnifique concert de La Souris Déglinguée ? “Saint Sauveur, sauve tous ces garçons !
Saint Sauveur, sauve toutes ces filles !” »
Viennent “Disconnected” et un nouveau titre (« que ceux qui nous ont vu en janvier à la Flèche d’Or connaissent puisqu’on l’avait joué là-bas », a-t-il précisé) : “It's My Business”. Nikola chante le texte avec un phrasé rappé-scandé, sur une musique speedée et rocky dansante.
“Burn It Down” et “Besoin de rien” mettent le public Knocked-Out. Pendant ces deux titres, le shaman showman Nikola fait reprendre au public des phrases comme « Hellboys ! Hellboys ! Elvis ! Elvis ! » et en lui disant « De quoi avez-vous besoin ? De quoi avez-vous besoin ? » (« de rien !! »), l’incitant à donner tout ce qu’il a.
À la fin de deux ou trois chansons, ils rallongent celles-ci avec des éléments dub rock street funk, notamment via les petits gimmicks 70s Motown freestyle de guitare de Yarol ou des ralentissements de rythmes légèrement reggae.
Les Hellboys (et le duo Heartbreak Hotel), c’est le seul groupe français à chanter en anglais (même s’il y a aussi les titres “Besoin de rien” et “La bête humaine”) que j’aime, avec les bons (comme Tony Marlow, Rockspell, Ricky Norton, etc.) qui continuent de faire du rockabilly 50s pur et dur.
Ce qui différencie les Hellboys des autres groupes d’ici chantant en anglais, c’est que déjà l’accent de Nikola Acin roule 100 % OK et est total’ impecc’.
Et puis ils ne font pas du rock “normal”. C’est-à-dire qu’ils ne font pas un rock joué de façon scolaire, ou alors faussement énervé et rebelle. Ils font un rock’n’roll vraiment excitant, qui a la sauvagerie du rockab’ originel (même si, donc, ce n’est pas du rockab’).
Ils ont l’étincelle en eux, le feu sacré (ce qu’évoque d’ailleurs le texte “Besoin de rien”). Les membres du groupe et leur musique ont le Joe Strummer Spirit, la Stray Cats Attitude (même si ce n’est pas du rockab’ et que ça ne copie pas les Clash).
D’ailleurs, ils ont fait deux fois la première partie de Joe Strummer à l’Élysée Montmartre, en 1999 et 2001
(“j’y étais, au premier rang”).
Leur album (sorti en 2006) est toujours excellent et puissant. Il met à l’amende plein plein de nouveautés anglo-saxonnes soi-disant “rock” (mais en fait affreusement molles du genou, névrosés, dotées du syndrome post-rock progressif, ennuyantes à mort, bref tout ce qu’on déteste) encensées par les branchés de 2008.
Chacun dans leur genre et avec leur univers respectif, The Hellboys et les Naast balancent la même urgence, la même vitalité, sur scène comme sur disque.