Une page A4
dans “ACCORDEON
& ACCORDEONISTES”
n°133 (septembre 2013) :
GÉRARD BLANCHARD
le lundi 24 juin 2013
au THÉÂTRE DU PETIT
SAINT-MARTIN (Paris) :
La vague du rock “alternatif” français, tendance bastringue & accordéon, de la fin des années 1980 s’est très largement inspirée de ce précurseur. Sans toutefois
que les musiciens de ce courant le reconnaissent de façon officielle. Par exemple en (ne) mentionnant (pas) son nom dans les interviews.
Le 24 juin au Théâtre du Petit-Saint-Martin, de 21h15
à 23h25, à l’initiative du producteur Jean-Claude
Camus (1), Gérard Blanchard se produit enfin à nouveau
dans la capitale. Son précédent concert à Paris remontait au 27 novembre 2006 à L’Européen.
En solo, assis, son instrument dans les mains, il propose
un spectacle dense, réussi, à la fois plein de gouaille et de finesse. Il y met tout son cœur et se livre sans retenue.
Il démarre par “Le vieux Léon”, de Georges Brassens (2). Il interprétera aussi, composés par ce dernier, les titres
“Je suis un voyou”, “Dans l’eau de la claire fontaine”
et “Le temps ne fait rien à l’affaire”.
Toujours en formule accordéon & voix, il revisite des pépites, plus ou moins connues, de sa riche discographie de 1981 à 2002 : “Troglo dancing” (« une chanson de mon premier album, paru il y a trente-deux ans »), “Amour de voyou”, “Johnny revient de la guerre”, “Elle voulait revoir sa Normandie, “À la niche les toutous”, “C’est le vent ou Marilyn”, “Le doute s’améliore”, “La nuit des sirènes”, “Hein Nino que c’est rosse” (clin d’œil à tiroirs à Nino Ferrer), “Moteur la vie, coupez la mort”.
Il fait un sort façon amour/haine à “Rock amadour”,
en tordant et malaxant sa voix dans tous les sens,
d’un vers à l’autre.
Les nouveaux titres, pleins de poésie et de mélancolie,
avec toujours de l’humour pour alléger cela, étaient
déjà interprétés (mais alors pas encore gravés sur disque)
à L’Européen en 2006 : “La bombe A”, “L’oie blanche”, “L’ambianceur”, “Vanessa au Paradis”,
“Le cancre”, “Le raisonnable”.
Il salue Alain Bashung via “Vertige de l’amour” et
“La nuit je mens”. À propos de cette dernière, il déclare :
« La première fois que j’ai entendu ce titre de mon copain Bashung, j’étais dans un taxi à Paris, j’arrivais de la gare Montparnasse. Je me suis dit : “Tiens, celle-là, un jour,
je la reprendrai.” Dans cette chanson, je sentais une jolie névrose ainsi qu’une belle joie de vivre comme les
miennes. »
À deux ou trois moments, il imite un animateur ringard d’une station FM en pleine discussion téléphonique avec un auditeur borné qui veut qu’on passe à la radio le vidéoclip de Michael Jackson. Un court sketch bizarre et répétitif à deux voix (qu’il fait tout seul), qui n’apporte pas grand-chose. « Le surréalisme, ça ne marche pas
avec vous, le public de la variété française », dit-il de façon amicale et bon esprit aux spectateurs.
L’essentiel et l’art de Blanchard résident surtout dans ses chansons. Et dans l’interprétation vocale et musicale qu’il en fait, sur scène comme sur disque. Ses textes, écrits par lui-même (comme ses musiques), sont souvent surréalistes. Mais comme dans ce cas-là, ils sont chantés, travaillés et mis en forme, cela fonctionne parfaitement.
Blanchard est une sorte de bluesman poète rock’n’roll de l’accordéon à la française, aux influences cajun, parfois jazz (l’éternel syndrome des accordéonistes qui font un complexe vis-à-vis du jazz qu’ils pensent supérieur au musette ou, ici, au rock).
Lors de l’ultime rappel, il salue l’esprit humoristique de Boby Lapointe avec “Ton coeur est triste mais ta bouche rit” et une reprise de “Aragon et Castille”.
« Je suis ému et content. Je vous embrasse tous ! Merci », déclare un Blanchard heureux, bel et bien vivant, ici et maintenant, pas au musée ni dans les livres d’histoire
du rock. Au-delà de ses fanfaronnades viriles de timide,
il mérite d’être reconnu à la hauteur de son talent de showman, chanteur, accordéoniste, auteur et compositeur.
François Guibert
(28 juillet 2013)
(1) : président-directeur général du Théâtre du Petit Saint-Martin.
(2) : En 2011, Blanchard a sorti “Gérard Blanchard chante Georges Brassens”, disque constitué de dix-sept reprises. La même année, il aussi sorti un autre nouvel album, “La peau du cancre”, qui contient uniquement
des nouvelles chansons originales. Vous pouvez vous procurer ces deux Compacts Discs Laser aux adresses suivantes :
• Stéphane Fougeray
Atelier Accordéon
73 avenue du Général de Gaulle
49400 Saumur.
Tél. : 02 41 50 98 55
• Le Café Français
37 place du général de Gaulle
37500 Chinon.
Tél. : 02 47 93 32 78
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