Chronique des concerts
“Le retour du kif”
de LES MALKA FAMILY
les jeudi 19 et vendredi 20 décembre 2019
à La Maroquinerie (75020 Paris) :
Aucun signe d’usure, d’essoufflement, de tournerie à vide et d’autoparodie chez les Malka Family durant leurs deux concerts parisiens de 2019. Les créateurs du meilleur album de funk francophone mondial, “Le retour du kif” (2017), forment une sensationnelle machine P-funk’n’roll scénique.
Les membres du groupe sont tous enthousiastes pour de vrai. Ils ne sont pas dans une posture béni-oui-oui factice et surjouée. Ils sont heureux de jouer ensemble durant deux heures dix le premier soir. Et deux heures vingt le lendemain, incluant un “Minnou (Minou)” final joué sans sonorisation, pour cause de dépassement d’horaire.
Deux sets d’un très haut niveau musical, avec un public volontiers participatif. Le concert du 20 décembre, parfait, est encore meilleur que celui de la veille. Les voix de Sev K et Gilda sont également beaucoup plus mises en avant dans les enceintes.
Le look des Malka en concert, c’est la fête alternocolorée au village. Tenues de pistolero disco cow-boy (Woody Braun, sax et chant) ou de Goldorak 1ère étoile hip hop 80s (Cool Jam, clavier gangsta cosmosadelic).
Sous l’influence du Prince de Minneapolis (Jay Murphy, clavier affûté, avec le sens des gimmicks dansants et des détails sonores). Survêt’ vert et mauve Monoprix Saint-Paul Force des familles (Romain Van Den Berg, batterie).
Combinaison Star Trek plus bottillons Bernard Frédéric blancs et scintillants (Sev K, chant). Robe rose froufrou de fun kiffeuse (Gilda Peter, chant). Manteau de scène confectionné avec un rideau de salle à manger (Beyonder, chœurs, animateur scénique).
En faux babacool le prem’s soir, puis doté d’un chapeau étoilé Bootsy Collins le deuze soir pour Joe Mannix (guitare) au patalon “Scatterlings of Africa”.
Au-delà de l’aspect visuel, il y a le plus important :
les chansons. Musicalement, ça tourne supercarré, funk’n’roll à gogo. De façon implacable, positivement professionnelle, et avec un enthousiasme de jeunesse éternelle.
Les Malka sont au mégatop de leur forme artistique.
Ils envoient dans la sonorisation un puissant funk’n’roll swinguant et percutant. Sans commune mesure
avec les frustrants albums studio, bridés et bricolos,
“On the Beach” (1991) et “Tous des oufs !” (1992).
Un inédit, irrésistible, “Mon nom c’est Malka”, est joué
en introduction. Les instruments démarrent les uns après les autres : batterie, basse, clavier, guitare. Woody qui tonitrue « tout le monde est chaud ce soir (x 6), la Maroquinerie ! », « Mon nom c’est Malka ! » (x 8 ).
Puis « On va jouer ça » ou « On va faire quoi ? », à huit reprises, entrecoupés des chœurs : « On the Beach! », « Suzie Funk ! », « L.A. Party ! », « Roller skate ! »,
« Tous des oufs ! », « Donne-moi ça ! », etc.
Aux percussions, deux membres additionnels, un par soir. Dont le globe-trotter baroudeur brésilien Zé Luis Nascimento (le 20 décembre).
Sur cette chanson comme durant tout le concert,
les quatre cuivres pulsent de manière énergique, nette, sans bavure, tels des James Brown Horns de Paname City Funkin’. Outre Woody au sax alto, il y a Gil C Freak (trompette), Isaac Ben Araz (trombone) et Eric Rohner (sax ténor et baryton).
“Mon nom c’est Malka” représente la science qu’infusent les Malka dans leur musique pour concevoir leurs funks les plus terribles. Feeling, débrouillardise, bonne humeur, recul sur soi-même, musicalité absolue, maîtrise du spectacle, sens de l’improvisation qui sait où elle va
et ne s’égare pas.
Avec un esprit typiquement français et en français. Exemple : « Donne-moi ça encore une fois. » Une phrase simple et, quelque part, très drôle, car à traduire dans la langue internationale de Les Daft Punk robotisés et lissés. Elle sonne drôlement bien, beaucoup mieux qu’en anglais.
Tout le monde le sait depuis 1960 : la langue d’ici est celle qui sonne le mieux pour chanter la musique électrique, celle qui bouge et remue.
La rythmique est infatigable : « écoutez la basse » slap’n’sonique de Dany’ O. Même pendant son solo en solo de cinq minutes (avant le rappel), clôturé par la ligne de “Taudi Groove”, on ne s’ennuie pas.
La setlist est la même les deux soirs :
• “Mon nom c’est Malka”
• L’instrumental de “Taudi Groove”
• “Tape-les comme ça”
• “Le grand méchand lourd”
(version instrumentale)
• “Roller skate”
(Sev K au chant lead)
• “Fricassée de funk”
• “Keep It Going”
(une nouveauté, beaucoup mieux en live
que la version studio disponible sur YouTube
où intervient Golden Rama)
• “Fun kiffeur”
(Gilda Peter au chant lead)
• “Poulet cuit”
(Sev K au chant lead)
• “Nouveau monde”
• “Tous des oufs !”
• “Chaque jour on vit”
(titre démarré par Dany’O au clavier et au chant,
puis le groupe l’accompagne)
• “Donne-moi ça !”
• Le solo de basse de Dany’O
(5 mn)
• “L.A. Party”
(Cool Jam au chant lead)
• “Gouvernement”
(Dany’ O au chant lead, et toujours à la basse.
Un titre 100 % P-rock, créé à la fin des années 1990
mais jamais enregistré sur disque)
• “Malka on the Beach”
• “Bellevie (Cosmic Rock)”
• Bonus le 20 décembre :
“Minnou (Minou)”.
Texte
& photos live amateurs :
François Guibert
(31 décembre 2019)
• MALKA FAMILY 2020 :
“Super duper dans l'espace”.
• Page spéciale
« Concerts et album
“Le retour du kif”
de MALKA FAMILY :
— le 12 janvier 2018
à La Cigale (Paris)
— le 13 janvier 2018
au Chinois (Montreuil) »
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