"NIKOLA ACIN TRIBUTE" (YAROL POUPAUD, THE HELLBOYS, HEARTBREAK HOTEL, VINCENT PALMER, ALAIN CHENNEVIERE et de nombreux guests) le 27 juin 2008 au GIBUS (Paris).
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“NIKOLA ACIN TRIBUTE”
(soirée “ROCK'N'ROLL FRIDAY”)
Vendredi 27 juin 2008
au Gibus (Paris) :
« C’est une soirée un peu spéciale, annonce Philippe Manoeuvre. Elle est dédiée à Nikola Acin.
On a passé une super année aux “Rock’n’roll Friday” et on est désolé qu’elle se termine d’une façon aussi triste. Quelques jours après qu’on ait appris le décès de Nikola, on a décidé d’organiser une grande fête en son honneur. Parce que c’est comme ça qu’il aurait aimé que ça se passe.
La maman de Nikola est là-haut dans la cour, elle n’arrive pour l’instant pas à descendre tellement c’est dur. Mais elle m’a dit : “Embrassez-les tous !”. On va commencer avec Yarol, qui a fait un boulot de dingue. Pendant toute la semaine, il a travaillé, répété et organisé le concert que vous allez voir ce soir. »
Yarol Poupaud démarre en solo par “Whisper” puis, accompagné par un batteur et un bassiste, il entonne “Above My Head”, un titre de Heartbreak Hotel (le duo country hillbilly rockab’ électro-acoustique qu’il a formé en 2006 avec Nikola).
« Voici notre première invitée : Suzanne. » La chanteuse de Pravda interprète la ballade mélancolique “La veille”. Les paroles racontant les tourments de la fin d’une histoire d’amour prennent a posteriori une dimension supplémentaire depuis le 17 mai 2008, notamment des phrases comme « Nous reverrons-nous un jour,
au moins pour une dernière fois ? ».
Quinze minutes après, Yarol & The Hellboys arrivent sur scène. « Si le rock’n’roll avait un prêtre, il s’appellerait Nikola Acin ! Et s’il avait des apôtres, ce serait les Hellboys ! », tonne dans le micro Nicolas Ullmann, chapeau et cape de magicien Mandrake, avec une chemise léopard.
Un mois et demi plus tôt, le 9 mai, sur cette même scène, ils donnaient un concert explosif, avec Nikola en shaman elvisien charismatique au centre de la scène.
Christophe Lagarde & Yarol (guitares),
Adanowsky (basse) et Ghani (batterie)
saluent la mémoire de leur ami à leur façon, en jouant de la musique et en interprétant quelques morceaux écrits par Nikola qu’ils faisaient sur scène depuis des années et qui figurent sur leur album chef-d’œuvre “Mutant Love” (2006).
Ils démarrent par l’instrumental “Action Dan” avec le gimmick à la Shadows matiné de son hargneux de la guitare de Christophe. Puis Yarol dit : « C’est pas facile de remplacer Nikola au chant. Mais des amis ont accepté de le faire. Voici Ben des Sheraff ! » Ce dernier fait une interprétation toute en énergie et presque avec le “désespoir” adéquat (dans la façon de dire « She gave me mutant love ! »), dans l’esprit de celle de Nikola Acin.
L’émotion est palpable lorsqu’on les voit les quatre Hellboys jouer ce soir-là. Comme d’ailleurs durant tout le reste de la soirée. Même lorsqu’il s’agit de titres rapides et énervés.
Natasha reprend “Disconnected” (le “The Magnificent Seven” des Hellboys, avec la basse funky rap early 80s). On n’entendait pas beaucoup sa voix dans les enceintes, mais l’important n’était pas là, dans la performance vocale. Ce qui primait avant tout, c’était d’être là, pour rendre hommage et de chanter avec le coeur.
Nicolas Ullmann remonte sur scène, cette fois pour chanter deux des titres qui mettaient le plus le feu aux poudres lors des précédents concerts Hellboys : “Burn It Down” et “Besoin de rien”.
Pour le premier titre, lors du passage où le public scande « Hellboys ! Hellboys ! Elvis ! Elvis ! », Ullmann a dit : « Faites du bruit, criez, hurlez n’importe quoi ! Pour qu’il vous entende ! » Et à la fin de “Besoin de rien”, il saute dans la fosse, continuant à chanter tout en dansant au milieu des spectateurs avant de revenir sur scène se rouler par terre, en transe.
Ce serait bien que Yarol, Christophe, Ghani et Adanowsky continuent à se produire tous les quatre en concert. D’une manière ou d’une autre.
La troisième partie du concert, c’est à nouveau Heartbreak Hotel mais dans une formule inédite : Yarol (guitare) accompagné de Tony Truant & Philippe Almosnino (guitares), Olivier Ferrarin (du groupe Rockspell, batterie) et le bassiste Fred Jimenez (le même qui jouait avec Yarol au début de la soirée).
Au chant : Alain Chennevière (de Rockspell).
Aux choeurs féminins (plus le chant lead sur “Everything Can Go”) : Laura Mayne.
Alain livrera de poignantes interprétations vocales, dignes de celles de Nikola Acin
sur les versions studios : “Fantôme de cimetière” (tout comme “La veille”, ce texte résonne désormais d’une étrange façon)
et “Snake Eyes”.
Pour le blues “The Day The Rain Came Down”, mister Chennevière le chante dans une tonalité complètement différente de celle de Nikola mais c’est réussi, ça le fait sans problème.
« Je tiens à dire que toutes ces chansons ont été écrites par Nikola, et elles ont des allures de classiques, déclare Yarol. Ce sont de pures chansons. Les textes sont magnifiques, les mélodies sublimes. Vraiment, c’est un régal
de les interpréter », ajoute Alain Chennevière
à côté de Yarol qu’on voit bien très touché
par cette déclaration.
Ultime partie : toujours avec les mêmes musiciens, sauf que cette fois à la batterie,
il y a Antoine (de Control Club) et,
sur deux morceaux, Hervé Bouetard
(du groupe A.S. Dragon).
« On a choisi de reprendre des chansons de ceux que Nikola écoutait, dont il nous parlait sans arrêt et sur lesquels il écrivait : Bob Dylan, Clash, Carl Perkins…, explique Ullmann. Et on va commencer par Elvis, bien sûr ! » Et c’est parti avec “Heartbreak Hotel”
(la chanson), pour se mettre en jambe.
Tous accompagneront au fur et à mesure
les invités qui se succèdent sur scène.
« J’accueille maintenant quelqu’un
qui n’est pas monté sur scène
depuis des années : Vincent Palmer du groupe Bijou ! »
Lunettes noires, le plus grand guitariste de l’histoire du rock’n’roll (absolument) arrive sur scène. Il emprunte la guitare de Philippe Almosnino. Puis il livre une terrible version de “Si tu dois partir”, un classique de Bijou
(et qui est donc aussi une reprise en français
d'un titre de Bob Dylan). C'est magique !
Palmer sort de sa guitare des sons brefs, acérés, percutants, terribles, d’enfer. Le Son Ultime de la guitare rock’n’roll ! Et entendre chanter Palmer, sonnant aussi impecc’ que sur les disques, avec hargne et clarté, wah !
Pourvu que ces quatre ou cinq minutes anthologiques et historiques aient donné envie à Palmer de remonter désormais régulièrement sur scène.
Benjamin Kerber des Shades reprend ensuite “Forever Young” de Bob Dylan.
Tai-Luc interprète “Boppin' The Blues”
de Carl Perkins avec la patte La Souris Déglinguée. C’est-à-dire au son punky rocky “1977 meets 1956”, roots et éclatant,
sauvage et cool à la fois.
Daniel Darc fait une sublime version très personnelle et réussie, avec sa diction unique chantée / (mais plutôt) parlée, la voix grave sur certains mots ou des fins de vers, de “In The Ghetto” d’Elvis. Il a le texte à la main, sans doute pour ne pas se tromper dans les paroles et ainsi respecter de la meilleure façon possible l’intensité, la gravité et l’émotion de ce texte.
La musique de la reprise de “The Guns Of Brixton” des Clash roule totalement avec le gros son de basse. Yarol rajoute à la fin via sa pédale de guitare des effets sonores street dub. Mais le chant de Hugo Prostitutes laisse à désirer et sonne moyen.
Tony Truant reprend lui aussi un titre de Bob Dylan. Dans une version cool et joyeuse, très “square dance”, folky déglinguo électrique. Avec sa voix marrante qui ressemble
à celle de Keith Richards.
« Nikola aimait aussi Bruce Springsteen. C’est pas facile de reprendre du Springsteen, mais c’est moi qui m’y colle », annonce Yarol. Et de chanter (en jouant de la guitare) un titre rock bluesy rugueux, solide et puissant du Boss.
Un morceau qui correspond bien
à l’univers musical de Yarol
lorsqu’il chante ses propres compositions.
Pour l’anecdote, Ullmann vient faire un truc très marrant à Yarol : relever un peu les manches du t-shirt de ce dernier pendant
qu’il joue. Pour lui donner encore plus
le côté “héros travailleur à l’ancienne”
de Springsteen.
Enfin, Niki des Brats débarque sur scène
en disant : «Chérie, ne marche pas sur mes pieds s’il te plaît, on va faire “Blue Suede Shoes” ! »
Avec le groupe, il livre une version détonante, speedée, plus punk que strictement rock’n’roll années 50. Ce qui fait que le public
(en majorité des adolescents) pogote presque comme si c’était du punk rock pur jus.
Une version, cool, chouettas et décontract’
de cet éternel mégahit.
« Voici notre dernière invitée,
et non des moindres : Lauren Jones,
la fille de Mick Jones ! » Le groupe démarre l’intro de “Train In Vain”. C'est le titre le plus “pop song” du répertoire des Clash (et chanté par Mick Jones dans la version studio).
Longues jambes et minishort, cheveux bruns courts, la fille de Mick Jones a des yeux
et un visage qui ressemble beaucoup en effet
à son père (logique, certes). Elle fait une interprétation convaincante de “Train In Vain”, en ayant (de façon innée) le sens de la scène et l’attitude d’une pop singer woman.
Pendant la fin de cette chanson, tout en continuant à jouer de la guitare, Yarol remercie un par un en les nommant tous ceux qui sont montés sur scène. Puis il dit : « On se revoit à la rentrée ! Merci pour Nikola! » Il est 23h10, c’est la fin de cette soirée pleine d’émotions et de rock’n’roll dynamique.